Basé sur les travaux du Centre d’infection et d’immunité de Lille, le procédé Cowbiot, prochainement commercialisé par GD Biotech, permet de détecter les génisses porteuses du protozoaire Blastocystis. Longtemps considéré comme un parasite inévitablement néfaste, il s’avère finalement être un marqueur de bonne santé intestinale.
Identifier les vaches qui produiront du lait le plus longtemps possible pour diminuer les émissions de méthane. C’est le pari réussi de scientifiques lillois dont le procédé va être commercialisé par la société GD Biotech. « Dans notre laboratoire, nous travaillons notamment sur Blastocystis, un protozoaire intestinal qui était jusqu’à présent considéré comme un parasite dont il fallait se défaire », explique Magali Chabé, maître de conférences en parasitologie et mycologie à l’université de Lille et membre du Centre d’infection et d’immunité de Lille (CIIL – CNRS/Inserm/Université de Lille/Institut Pasteur de Lille/CHU de Lille).
« Le caractère pathogène de Blastocystis a cependant été remis en question dans la mesure où il s’agit de l’eucaryote le plus souvent retrouvé dans les selles humaines et dont la colonisation est généralement asymptomatique. En 2016, nous avons publié dans ce sens un article dans Scientific Reports qui était le premier à montrer l’impact bénéfique de Blastocystis sur le microbiote intestinal de l’Homme tant en termes de diversité que de composition bactérienne », se félicite Magali Chabé. « Nous leur avons fourni à l’époque la technologie pour analyser ce microbiote, confirme Christophe Audebert, Chief Scientific Officer de GD Biotech. Notre société mère Gènes Diffusion collabore depuis vingt ans avec l’Institut Pasteur de Lille sur le campus duquel le CIIL et nous-mêmes sommes installés. J’ai remarqué une belle dynamique de valorisation scientifique au sein de cette équipe. Gènes Diffusion travaille avant tout sur de la R&D dédiée à l’élevage, mais nous collaborons aussi avec des labos pour leur fournir des moyens pour leurs analyses ».
Le caractère pathogène de Blastocystis a cependant été remis en question dans la mesure où il s’agit de l’eucaryote le plus souvent retrouvé dans les selles humaines et dont la colonisation est généralement asymptomatique. En 2016, nous avons publié dans ce sens un article dans Scientific Reports qui était le premier à montrer l’impact bénéfique de Blastocystis sur le microbiote intestinal de l’Homme tant en termes de diversité que de composition bactérienne ’’
Magali Chabé
maître de conférences en parasitologie et mycologie
Plus une vache vit longtemps, plus elle rembourse sa dette de méthane
Tout cela s’était alors déroulé dans un cadre formel sans aucune attente de valorisation de la part de GD Biotech. « Quelques années après, un grand projet de recherche sur le microbiote bovin se lance au sein de l’entreprise, poursuit Christophe Audebert. Nous sommes retournés voir le CIIL pour savoir si Blastocystis avait un quelconque lien avec la santé bovine. Nous n’y croyions pas spécialement, mais nous avions les moyens de le faire et nous avons tenté le coup. » Une idée qui en valait la peine puisque « la prévalence sur ces vaches laitières des Hauts-de-France variait entre 20 et 80 %, soit 50 % de moyenne », selon Magali Chabé. « Ça a été un véritable effet waouh, s’étonne encore le CSO. En suivant les carrières des vaches de 2017 à 2022, nous avons pu enregistrer leurs performances et se rendre compte de la meilleure santé de celles porteuses de ce biomarqueur. »
Cet indicateur de santé s’avère important aussi bien pour l’économie de l’éleveur d’un cheptel que pour la maîtrise des émissions de méthanes. L’élevage d’une génisse (une vache qui n’a jamais vêlé) coûtant environ 1 500 euros, cela lui permettra tout d’abord d’améliorer son bilan. « Mais c’est à terme moins de vaches pour autant de lait, explique Christophe Audebert. Une génisse ne produit en effet pas de lait, mais seulement du méthane. Plus longtemps elle produira du lait, mieux elle remboursera sa dette en méthane. »
« Le héros qu’on n’aurait jamais pensé découvrir »
La licence sur cette découverte a finalement été acquise auprès du CIIL via l’intermédiaire de la SATT Nord. « Comme nous avions déjà une entreprise intéressée par notre technologie, nous sommes logiquement entrés dans un projet de comaturation », se souvient Magali Chabé. Ce sont 200 000 euros qui ont été investis par la société d’accélération du transfert de technologie pour notamment financer « un poste d’ingénieur qui a mis au point un système de PCR en temps réel ». Côté GD Biotech, l’entrée dans la danse de la SATT Nord « a d’abord été une manière de crédibiliser le projet auprès de mon conseil d’administration, car ce side project n’était pas une priorité lors de son lancement », se réjouit Christophe Audebert.
Cette collaboration va permettre à GD Biotech de commercialiser dans un premier temps un service de dépistage auprès des éleveurs. À terme, le but est de leur proposer un kit PCR avec un logiciel leur permettant d’analyser les données, de gérer leur troupeau au plus près, modéliser sa performance sur ses émissions de méthane et baisser le taux de renouvellement du cheptel pour ne pas surproduire ce gaz. Un destin absolument inattendu pour ce qui était considéré encore il y a peu comme un vulgaire parasite : « Blastocystis, c’est le héros qu’on n’aurait jamais pensé découvrir », conclut Magali Chabé.
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