Womed lance la commercialisation de Womed Leaf, un dispositif médical qui lutte contre l’infertilité des femmes, et travaille sur de nouvelles innovations pour traiter les fibromes et l’endométriose. La start-up vient de lever 6 millions d’euros. Retour sur une femtech qui prend soin des femmes.
Après des études de pharmacie et quelques années en officine, le jeune Xavier Garric se lance dans la recherche pour réaliser son rêve : mener des travaux qui contribuent à concevoir un produit utile à des patients. Un professeur le met sur la voie des polymères, ces matériaux modulables capables de libérer des principes actifs. Il est aujourd’hui directeur du Département polymères pour la santé et les biomatériaux à l’Institut de biomolécules Max Mousseron, qui est une unité mixte de recherche (Université de Montpellier / CNRS / Ecole nationale supérieure de chimie de Montpellier). Xavier Garric est également conseiller scientifique de Womed, une start-up qui a mis au point une innovation pour soigner l’infertilité des femmes. Une vraie success story.
Nous sommes en 2013. Stéphanie Huberlant, interne en gynécologie au CHU de Nîmes et doctorante au laboratoire dirigé par Xavier Garric, réalise sa thèse sur « les adhérences intra-utérines, ou synéchies, qui touchent près de 500 000 femmes par an dans le monde et constituent la première cause mécanique d’infertilité féminine », explique Xavier Garric. Et de continuer : « une semaine après des opérations liées à des fibromes, des polypes ou des IVG chirurgicales ou médicamenteuses, une sorte de toile d’araignée se forme dans l’utérus et empêche la nidation de l’ovule fécondé. A l’époque, aucun dispositif médical ne permettait d’éviter de façon efficace que ces adhérences se reforment après une intervention chirurgicale. Notre but était donc d’empêcher la formation des synéchies ». Xavier Garric, accompagné de Stéphanie Huberlant (aujourd’hui CHU de Nîmes) et Salomé Leprince (aujourd’hui Regulatory manager Womed), se met au travail. L’équipe produit 20 polymères différents en laboratoire, les teste dans des modèles d’utérus, réalise des études pré-cliniques puis des études cliniques. En 2016, c’est « l’eurêka ». Les chercheurs ont mis au point un film polymère qui se déploie dans l’utérus, forme un pansement utérin et se dégrade une fois que la plaie, liée à une opération, est cicatrisée. Les adhérences ne peuvent donc plus se former. Ce dispositif ultra-innovant est breveté dans la foulée.
2017. Reste à « sortir l’innovation du laboratoire », comme le résume Gonzague Issenmann, CEO de Womed. Cet ingénieur, fort d’une solide expertise d’entrepreneur dans le médical, est séduit par l’innovation mise au point par l’équipe de Xavier Garric. « Je l’ai emmené à Stuttgart au salon MedtecLIVE. J’ai ensuite cherché et trouvé des sous-traitants en chimie pour synthétiser le polymère, d’autres pour fabriquer l’inserteur, d’autres pour nous aider à concevoir le dispositif », raconte l’entrepreneur. En 2018, Gonzague Issenmann, Xavier Garric et Stéphanie Huberlant créent la start-up Womed, aujourd’hui hébergée au Centre d’Innovation et Transfert du CNRS à Montpellier. L’innovation s’appellera “Womed Leaf”. L’équipe remporte le Grand prix I-Lab qui lui permet de recruter ses trois premiers salariés et de lancer des tests. Aujourd’hui, Womed compte 10 salariés. « Notre équipe est essentiellement féminine et j’en suis très fier », confie Gonzague Issenmann.
Le grand challenge du dirigeant et de la start-up ? « Commercialiser Womed Leaf en France en 2024 puis en Europe, aux Etats-Unis, en Chine, au Brésil. Nous y travaillons avec un partenaire commercial ». Le dispositif est déjà utilisé dans les services de gynécologie des CHU de Nîmes et de Montpellier.
L’équipe de Womed planche sur d’autres innovations et mène des travaux sur les systèmes de libération prolongée de médicaments pour traiter l’endométriose, la formation de fibromes ou les saignements intra-utérins d’urgence. « Aujourd’hui, les médicaments par voie orale ou intraveineuse traitent mal ces pathologies car les principes actifs se dispersent dans le sang et doivent donc être administrés en grande quantité pour atteindre leur but. Nous travaillons à la mise au point de polymères qui retiendront de petites molécules et qui seront placés à côté de l’organe qui doit être soigné », explique le chercheur. « Nul doute que nos innovations vont parler à la communauté des médecins et aux femmes qui nous sollicitent beaucoup au sujet de leurs pathologies », complète l’entrepreneur.
Gonzague Issenmann et Xavier Garric partagent la même analyse : la recherche en urologie est beaucoup plus avancée qu’en matière de gynécologie. Résolument, Womed se veut « à l’écoute des femmes ». On n’a pas fini d’en entendre parler. Et c’est tant mieux !
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