Un hydrogène avec peu d’émissions de carbone et des besoins limités en électricité, c’est la promesse que fait la start-up Spark. Elle a pour objectif la décarbonation industrielle en utilisant une nouvelle voie de production unique au monde : la plasmalyse à température contrôlée. Avec un objectif de mise sur le marché pour l’horizon 2026/2027 et une phase de développement bien entamée, Spark Cleantech se dirige d’un pas décidé vers l’industrialisation de leur technique.
Spark, start-up issue du Laboratoire d’énergétique moléculaire et macroscopique, combustion (EM2C, CNRS) sur le campus de CentraleSupélec, a bénéficié en 2022 du programme d’accompagnement à la création de start-ups du CNRS, RISE. L’un des fondateurs, Erwan Pannier, s’est concentré durant sa thèse sur les plasmas à température contrôlée, appliqués dans un premier temps au CO2, pour ensuite se concentrer sur le méthane. Par le biais de la SATT Paris Saclay, il a rencontré Patrick Peters et ils ont ensemble cofondé Spark fin 2022. Après une première levée de fonds en 2023, Spark est en phase de développement : de deux ils sont passés à quinze, venant former une première équipe d’ingénieurs et docteurs qui s’attellent au perfectionnement de la technologie et au développement d’un pilote industriel.
L’objectif de la start-up est clair : décarboner l’industrie. Mais pas n’importe comment. En utilisant une technologie unique au monde, la plasmalyse de méthane à température contrôlée, permettant une forte réduction de la consommation d’électricité.
On va produire de l’hydrogène avec deux avantages : le premier c'est qu’on va réduire le besoin en électricité pour produire de l’hydrogène. Le deuxième c'est qu'on a un deuxième produit du noir de carbone, qu’on sort sous forme solide et qui est aussi un matériau industriel qu’on va valoriser. ’’
Patrick Peters, CEO de Spark
Le noir de carbone est recherché dans différents marchés : pneumatiques, encres, cosmétiques, batteries, … Cette technologie a donc un double impact : la production d’hydrogène décarboné, mais également de noir de carbone, dont la production industrielle actuelle est fortement émettrice en CO2. À partir du méthane, c’est finalement deux produits vertueux qui sont récupérés et utilisés, permettant de réduire les coûts liés à l’hydrogène.
La force de Spark, c’est de venir au plus proche des industriels : le développement de modules motorisés est pensé directement sur les sites raccordés au gaz naturel. De cette façon leur technologie vient se placer en intermédiaire pour convertir en hydrogène le gaz naturel, remplaçant ainsi la combustion de ce dernier, fortement émettrice de CO2. Cette installation sur site, couplée à la réduction des besoins en électricité, Patrick Peters la voit comme la clé d’une décarbonation industrielle réussie « Ce qu’on a aujourd’hui va nécessiter beaucoup trop d’infrastructures pour que ce soit déployable à court terme. Je pense qu’il faut pouvoir compléter avec d’autres technologies qui émergent et qui permettent de faciliter la mise en œuvre et de réduire les coûts. ». Avec leur procédé, c’est effectivement cinq fois moins d’électricité requise pour produire de l’hydrogène que l’électrolyse, méthode actuelle de production. Outre le gaz naturel, ce procédé peut également s’appliquer au biométhane issu des unités de méthanisation de déchets agricoles ou agroalimentaires et vient produire un hydrogène avec un bilan carbone négatif.
Et la suite ? Spark ne compte effectivement pas s’arrêter en si bonne voie. Après le déploiement de leur premier pilote industriel en septembre 2024, une seconde série de pilote leur permettra d’arriver au dimensionnement d’un module industriel. À terme, c’est une démultiplication des modules de production qui est visée pour une exploitation avec des ambitions mondiales. Pour Patrick Peters, l’objectif principal est « d’industrialiser ce qu’on a aujourd’hui ». Le but premier est d’aller le plus droit possible vers le marché pour enclencher la décarbonation de la flamme industrielle.
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