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Startup Santé

ACTIV-H : la start-up qui promet de créer de nouvelles molécules jusqu’alors inaccessibles

Publié le 17 juillet 2024|par Léa Galanopoulo

ACTIV-H offre aux industriels la possibilité d’accéder à de nouvelles molécules jusqu’alors inaccessibles. Un atout pour les laboratoires pharmaceutiques dans la quête de nouveaux médicaments. Cette start-up est issue des travaux de l’Institut de chimie des milieux et matériaux de Poitiers et du laboratoire de Physicochimie des Électrolytes et Nanosystèmes interfaciaux de Paris.

La société fêtera bientôt son premier anniversaire, mais promet déjà de bousculer la création de nouvelles molécules. ACTIV-H, créée en 2023, propose une solution innovante pour faire naître des molécules complexes – et jusqu’alors non disponibles sur le marché – grâce à sa maitrise unique des conditions superacides.

La start-up de Poitiers offre ainsi la possibilité de produire des molécules nouvelles en exploitant la chimie superacide en flux continu. Un procédé innovant, rapide et peu coûteux qui s’adresse entre autres à l’industrie pharmaceutique, alors qu’un programme de recherche et développement classique pour un médicament dépasse souvent le milliard d’euros et les 10 ans de recherche.

Construire des dizaines de molécules jusqu’alors inaccessibles

L’aventure ACTIV-H démarre en 2016 à l’Institut de chimie des milieux et matériaux de Poitiers (IC2MP, CNRS/Université de Poitiers). « Le cœur du métier de notre équipe est l’exploitation des milieux superacides pour la synthèse organique », détaille Sébastien Thibaudeau, co-responsable de l’équipe OrgaSynth du laboratoire IC2MP, conseiller scientifique et co-fondateur d’ACTIV-H. Dans ces milieux – où l’acidité est supérieure à plus d’un milliard de fois celle de l’acide sulfurique pur – une molécule anticancéreuse avait déjà pu être développée. « Mais il fallait rendre ces techniques plus accessibles et les démocratiser », souligne-t-il.

En 2018, l’équipe poitevine, en collaboration avec Sorbonne Université, recrute Zahra Abada, alors ingénieure de recherche et aujourd’hui co-fondatrice et dirigeante d’ACTIV-H, avec pour objectif de mettre au point un procédé de synthèse organique exploitant la chimie des superacides en condition de flux.

Concrètement ? « Lorsqu’une molécule est soumise aux conditions superacides, contre toute attente, elle n’est pas dégradée. Elle va réagir avec des protons et un nuage d’anions spectateurs va se créer autour, détaille Sébastien Thibaudeau. Résultat : « cette molécule est protégée par protonation, un processus n’ayant pas lieu en conditions usuelles. La molécule se trouve alors comme encapsulée dans un nuage inerte. À ce stade-là nous pouvons construire une dizaine d’autres nouvelles molécules », ajoute le professeur de chimie.

« Dans ce milieu superacide en conditions de flux, les réactions ont lieu dans des tubes avec des fluides en mouvement favorisant potentiellement plusieurs transformations inédites. Le tout en contrôlant des paramètres essentiels de réaction plus efficacement », poursuit Zahra Abada.

Le cœur du métier de notre équipe est l’exploitation des milieux superacides pour la synthèse organique ’’

Sébastien Thibaudeau

Conseiller scientifique et co-fondateur d’ACTIV-H

Rapide et peu couteux

Ce procédé, breveté avec le CNRS en 2022, ouvre donc le champ des possibles tant en termes de création de nouvelles molécules que de réactions chimiques. Au total, ce sont près d’un million d’euros qui ont été investis pour ce projet en amont de la création.

« L’avantage est d’accéder à des positions inertes sur la molécule, difficilement accessibles jusqu’ici, et construire de nouvelles structures chimiques », précise Zahra Abada. Un gain de temps important pour les industriels : « le flux continu permet de diminuer le coût de certains process de 30% notamment en phase de développement », souligne-t-elle.

Un gain de temps et de coût, mais aussi un accès à l’innovation décuplé. Jusqu’alors, les industriels étaient freinés par le manque de diversité moléculaire, « des bibliothèques chimiques peu diversifiées, issues de réactions standards », insiste Sébastien Thibaudeau. Un choix restreint de molécules planes et linéaires, « alors que la nature est tridimensionnelle », rappelle-t-il.

Un accès à l’innovation décuplé

Désormais, ACTIV-H propose à ses clients – l’industrie pharmaceutique, mais aussi des fournisseurs de molécules – plusieurs offres, allant « de la compréhension du comportement de certaines molécules, à des programmes de recherches directement sur des molécules lead de nos clients », résume Sébastien Thibaudeau.

ACTIV-H conserve l’ensemble de ses activités de recherche sur le campus universitaire de Poitiers. Labellisée « deeptech » par BPI France et lauréate de la bourse à l’innovation Bourse French Tech Emergence, la start-up a pu « bénéficier du programme d’accompagnement RISE du CNRS et du programme d’incubation de la technopole de Poitiers », ajoute Zahra Abada.

Depuis janvier 2024, ACTIV-H a débuté un programme de co-maturation avec l’IC2MP, « qui vise à développer la technologie superacide en flux pour monter en échelle et répondre aux besoins de production de molécules d’intérêts », précise Zahra Abada. Face à la demande croissante de l’industrie, deux recrutements ont été opérés au sein d’ACTIV-H. En juin 2024, l’entreprise a été qualifiée Jeune Entreprise Innovante et bénéficie de l’agrément CIR pour ses clients.

Demain, la jeune pousse ambitionne d’augmenter son potentiel de développement vers des composés d’intérêt ciblés par les acteurs clés du marché.

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