La start-up AcuSurgical a annoncé avoir conclu – avec succès – son premier essai clinique. Sa plateforme robotisée Luca permet d’améliorer la précision et la sécurité des opérations de chirurgie vitréo-rétinienne, en assistant les chirurgiens ophtalmologistes lors de leurs interventions.
L’aventure AcuSurgical a officiellement démarré en 2020, avec la création de la start-up par Christoph Spuhler – CEO –, Philippe Poignet et Yassine Haddab – chercheurs en robotique au Laboratoire d’Informatique, de Robotique et de Microélectronique de Montpellier (LIRMM, Université de Montpellier/CNRS) et conseillers scientifiques de l’entreprise –, ainsi que Gilles Thuret et Philippe Gain – chirurgiens ophtalmologistes au CHU de Saint-Étienne et également conseillers scientifiques. Mais les premiers travaux de recherche remontent à 2018, au sein du LIRMM.
Nous nous sommes intéressés à la chirurgie de la rétine, car elle requiert un niveau de précision extrême. Les tissus sur lesquels intervient le chirurgien ont en effet à peine l’épaisseur d’un cheveu. Il s’agit pourtant d’opérations très fréquentes, puisqu’on estime qu’une personne sur trois sera touchée par une maladie de la rétine à un moment de sa vie. ’’
Christoph Spuhler
CEO d'AcuSurgical
« Nous nous sommes intéressés à la chirurgie de la rétine, car elle requiert un niveau de précision extrême », indique Christoph Spuhler. « Les tissus sur lesquels intervient le chirurgien ont en effet à peine l’épaisseur d’un cheveu. Il s’agit pourtant d’opérations très fréquentes, puisqu’on estime qu’une personne sur trois sera touchée par une maladie de la rétine à un moment de sa vie. » Parmi les pathologies les plus courantes, citons la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), les trous maculaires, ou encore le décollement de la rétine.
Sur une zone aussi fragile, la moindre approximation peut entraîner de graves dommages. C’est pourquoi ces opérations sont toujours réalisées par des chirurgiens formés et expérimentés, capables de rester concentrés, de maîtriser leurs mouvements sans trembler et de résister à la fatigue liée à l’enchaînement des interventions et à une posture inconfortable.
Avec sa plateforme robotisée, AcuSurgical entend faciliter le travail des chirurgiens ophtalmologistes et limiter les risques d’erreur. « Luca est un robot assistant pour le chirurgien : c’est toujours celui-ci qui est à la manœuvre », insiste Yassine Haddab. « Installé dans un siège confortable, il dispose devant lui de manettes de commande imitant la forme des instruments qu’il a l’habitude d’utiliser. Il peut alors piloter l’interface en manipulant ces outils et le robot va exécuter ses gestes, en les améliorant. » En effet, en supprimant les tremblements naturels, Luca permet de passer d’une précision de l’ordre de 100 micromètres (chirurgien expérimenté, sans assistance) à une dizaine de micromètres. Et pour effectuer les gestes adéquats, le praticien dispose d’un grand écran sur lequel s’affiche l’œil du patient en 3D, grâce aux caméras embarquées par le dispositif et aux lunettes 3D portées par le professionnel.
« Luca contribue aussi à la sécurité des interventions chirurgicales sur la rétine », ajoute Philippe Poignet. « La plateforme permet en effet de définir un espace de travail : celle-ci délimite les zones de l’œil sur lesquelles le robot peut agir et, surtout, celles où il ne faut pas aller. » De cette façon, un geste inapproprié ou un mauvais réflexe ne risque pas d’endommager sévèrement la rétine.
Par ailleurs, la solution d’AcuSurgical peut servir à la formation de chirurgiens. « Notre plateforme enregistre tous les mouvements du praticien », poursuit Philippe Poignet. « Cela permet, a posteriori, d’analyser l’opération, d’identifier des corrections possibles et de comparer l’intervention à un modèle. Luca peut ainsi représenter un outil de formation ou, plus généralement, d’amélioration continue. »
Après des tests sur des animaux, Luca a franchi une étape importante avec une première chirurgie réalisée sur un patient humain, à l’hôpital universitaire de Gand (Belgique), par le Dr Fanny Nerinckx. « Ce premier essai clinique répondait à un cas relativement simple », explique Yassine Haddab. « Il s’agissait d’une vitrectomie, qui consiste à retirer le vitré – un gel aqueux remplissant les trois quarts de l’œil –, une étape indispensable à tout acte de chirurgie vitréo-rétinienne. »
Après le succès de cette première phase, AcuSurgical va confronter, dans les prochains mois, son assistant robotisé à des opérations plus complexes, sur davantage de patients. Les résultats obtenus permettront alors de demander les certifications nécessaires à la commercialisation de la plateforme en Europe et aux États-Unis. Une étape qui devra être soutenue par des investisseurs. « Nous avons réalisé une première levée de fonds d’environ 6 millions d’euros, début 2021, et nous en prévoyons une nouvelle en 2025, autour de 20 millions d’euros, pour financer l’industrialisation et la commercialisation de Luca », annonce Christoph Spuhler.
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