Porté par Camille Jeunet, chercheuse à l’Institut de Neurosciences Cognitives et Intégratives d’Aquitaine (INCIA, CNRS / Université de Bordeaux), Neurathletics est un projet innovant qui suit le programme de prématuration du CNRS et dont la start-up va bientôt voir le jour. Experte en neurofeedback et neuro-imagerie, la chercheuse a développé un dispositif composé d’un casque électroencéphalographique (EEG) et d’une interface logicielle qui propose un entraînement pour l’amélioration des capacités cognitives et motrices des athlètes.
La préparation mentale d’un sportif est complexe : au-delà de la gestion du stress que les épreuves sportives peuvent générer, il s’agit pour l’athlète d’être prêt à réagir de manière extrêmement rapide à des situations parfois imprévisibles. La préparation mentale vise donc à renforcer deux dimensions majeures : celle psychologique, qui comprend l’activité psycho-émotionnelle nécessaire à une bonne gestion de l’anxiété ; et la dimension cognitive, qui concerne quant à elle les fonctions cérébrales motrices et attentionnelles. Ces dernières fonctions sont indispensables pour assurer des performances sportives de haut niveau.
« Pendant longtemps on a privilégié la préparation physique et physiologique des athlètes, mais on se rend compte qu’elle ne suffit pas systématiquement à atteindre les meilleures performances. La préparation mentale est un complément à l’entraînement physique qui vise à renforcer les fonctions cognitives au service de l’activité sportive » , explique Camille Jeunet, chercheuse en sciences cognitives spécialisée dans le neurofeedback.
Notre idée est de fournir un outil scientifique pour augmenter et améliorer la préparation mentale des athlètes ’’
Camille Jeunet, chercheuse à l’INCIA (CNRS / Université de Bordeaux) et porteuse du projet Neurathletics.
Jusqu’à maintenant, les sportifs recourraient à des exercices de visualisation, ou le fait d’imaginer un mouvement alors que le corps est au repos. Ces exercices, fréquents dans le sport de haut-niveau, permettent d’anticiper l’appréhension physique d’une épreuve. L’inconvénient : les athlètes ne peuvent avoir aucun retour sur ces exercices. Ils ne savent ni s’il y a un gain du côté de la gestion de l’anxiété, ni comment leur activité cérébrale a répondu à l’exercice. Tout le projet de neurofeedback de Camille Jeunet consiste précisément à cela : objectiver l’activité cérébrale en jeu lors de l’appel à des fonctions cognitives motrices et attentionnelles pour donner un retour aux athlètes sur leur préparation mentale d’une part et pour les orienter vers un entraînement de renforcement des circuits neuronaux d’autre part.
« Les fonctions motrices et attentionnelles sont soutenues par une activité cérébrale que l’on connaît de mieux en mieux et sur laquelle on peut jouer pour améliorer la performance de l’athlète grâce aux entraînements cognitifs » explique la chercheuse. Camille Jeunet et Mathieu Pachoud ont ainsi conçu des exercices d’apprentissage de la modulation des activités cérébrales spécifiques pour améliorer les processus cognitifs des athlètes.
Les entraînements à l’imagerie motrice développés par Neurathletics proposent aux sportifs d’utiliser leur imagination kinesthésique, le fait d’imaginer des gestes de sorte à en ressentir le mouvement. Cet exercice active des aires du cerveau similaires à celles que l’on active dans la réalisation effective du mouvement et permet ainsi le renforcement des aires motrices du cerveau et non simplement des aires de la vision comme c’est le cas de la visualisation traditionnelle.
En parallèle, un casque électroencéphalographique mesure et enregistre l’activité cérébrale de l’athlète. Ce bonnet est connecté à un logiciel d’analyse neuronale qui, complété par l’interface développée par Neurathletics, permet un monitoring simultané de l’activité cérébrale. L’athlète peut ainsi voir ce qui se passe dans son cerveau en temps réel, selon le principe du neurofeedback, puis être orienté vers des exercices adaptés à son profil.
Le programme d’entraînement personnalisé proposé au sportif est le fruit de plus de 600 questionnaires usagers. En parlant de l’importance de la phase de test de leur technologie, Camillet Jeunet et Mathieu Pachoud soulignent que « la technologie Neurathletics a été façonnée à partir des usages des sportifs », usages que les porteurs de Neurathletics placent au centre de leur accompagnement. Les données de l’analyse cognitive visent ainsi à rediriger le sportif vers le programme adapté à son profil usager. En plus des exercices de renforcement des fonctions motrices, Mathieu Pachoud a initié le développement d’entraînements spécifiques des fonctions de l’attention, sollicitées de manière aigues par certains sports comme le basket ou le tennis. Enfin, un outil de suivi des performances viendra bientôt s’ajouter aux ressources de préparation mentale à disposition des sportifs.
Plusieurs fonctions cognitives majeures sont ciblées pour le développement : les fonctions motrices et les fonctions de l’attention. ’’
Mathieu Pachoud, Responsable du développement technique et scientifique et futur directeur scientifique de Neurathletics.
Alors que la start-up Neurathletics programme sa création pour 2025, le développement du projet est bien avancé : 4 profils utilisateurs ont déjà été élaborés en partenariat avec des olympiens des Jeux de Paris. Aujourd’hui soutenue par le programme de prématuration du CNRS, Neurathletics poursuit sa mission d’accompagnement auprès d’athlètes en préparation pour les Jeux Olympiques 2028. Des performances physiques et mentales qui s’annoncent musclées !
Le dispositif Neuratlethics © Camille Jeunet
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