Pour offrir une prise en charge personnalisée à chaque patient dyslexique et dysorthographique — enfant comme adulte —, une équipe de recherche lyonnaise a développé l’application AnaliDys, disponible très prochainement pour les orthophonistes.
En France, en moyenne, un élève par classe souffre d’un trouble spécifique de l’apprentissage. Lecture, écriture, orthographe ou calcul : 3 à 5 % des enfants seraient « dys ». Pour aider les orthophonistes à proposer une prise en charge personnalisée à chaque dyslexique ou dysorthographique, une équipe du CNRS du laboratoire Interactions, Corpus, Apprentissages, Représentations (Icar, CNRS / ENS DE LYON / Université Lumière Lyon 2) et du laboratoire Dynamique du Langage (DDL, CNRS / Université Lumière Lyon 2) a développé l’application AnaliDys.
L’outil, né en 2021, entend ainsi permettre aux orthophonistes de caractériser le plus précisément possible les propriétés lexicales des mots utilisés et des erreurs commises dans les textes écrits par leurs patients « dys ». Nombre de mots utilisés, longueurs des mots, ponctuation, phonème ou graphème sont passés au crible dans le logiciel, pour offrir ensuite des objectifs de soin adapté à chaque patient.
Une analyse personnalisée en cabinet
AnaliDys est le fruit du travail d’une équipe pluridisciplinaire associant une psycholinguiste, Audrey Mazur (docteure en sciences du langage) [1], un ingénieur de recherche en informatique et linguistique, Matthieu Quignard [2] (docteur en sciences cognitives) et une orthophoniste et maître de conférences [3], Agnès Witko (docteure en sciences du langage). Après des années d’étude sur l’impact de la dyslexie chez le jeune adulte, l’équipe a eu l’idée de mettre à disposition des professionnels de santé la chaine de traitement linguistique « ALEX », utilisée initialement pour la recherche.
Le traitement automatique des langues existe depuis une trentaine d’années. L’originalité ici est de le mettre à disposition des professionnels de santé, dans les cabinets d’orthophoniste ’’
résume Matthieu Quignard, qui a développé l’outil informatique.
En consultation, le patient est ainsi invité à rédiger un texte écrit, qui sera ensuite intégré de manière anonymisée dans l’application par l’orthophoniste. Une fois analysé par AnaliDys, le texte produira un rapport et une cartographie personnalisée au patient, pointant par exemple les fautes les plus récurrentes, la longueur des mots les plus compliqués pour le patient, la classe grammaticale utilisée…
Cette analyse va ensuite permettre d’orienter, de manière personnalisée, les points sur lesquels travailler lors de la remédiation — la rééducation cognitive — et d’affiner un diagnostic encore plus précis du trouble dys. ’’
poursuit Audrey Mazur.
Un outil gratuit
Sur le terrain, et alors que les orthophonistes font face à un manque de temps accru, l’application est la bienvenue. « Dans le cas de la dyslexie, on s’intéresse beaucoup aux problèmes de lecture, mais, à mon sens, pas assez aux problèmes d’orthographe et de productions textuelles », constate Agnès Witko. Le travail sur le champ lexical, le texte et les mots est donc indispensable et l’idée « est de pouvoir écrire tout ce qu’on peut lire », souligne l’orthophoniste. « AnaliDys nous donne ainsi le profil de scripteur pour chaque enfant et je peux ainsi identifier que, pour tel enfant, le problème réside dans les tout petits mots et travailler dessus avec lui ensuite », illustre encore Agnès Witko.
En analysant des textes libres produits par des adultes en études supérieures et souffrant de dyslexie, l’équipe s’est d’ailleurs rendu compte que « les mots les plus à risques étaient les ‘petits’ mots et les mots homophones », précise Audrey Mazur. Chez ces patients dyslexiques, la ponctuation était également difficile à appréhender, « avec des confusions entre la virgule et le point, des majuscules là où il ne devrait pas en avoir », ajoute-t-elle.
En revanche, « ces étudiants vont avoir tendance à utiliser les mêmes mots que les étudiants non dyslexiques, alors que l’on avait tendance à penser qu’ils pouvaient se censurer. Cela veut dire qu’ils ne se limitent pas, même s’ils savent qu’ils font des erreurs », avance encore la psycholinguiste. Autant de points sur lesquels l’analyse offerte par AnaliDys pourra aiguiller les soins.
Actuellement en phase de tests auprès des orthophonistes, l’équipe lyonnaise entend désormais faire connaître au plus grand nombre cette application gratuite, qui sera totalement disponible à l’été 2025.
[1] Université de Lyon et Laboratoire ICAR, UMR 5191, CNRS, Université Lyon 2 et ENS de Lyon
[2] Laboratoire ICAR, UMR 5191, CNRS, Université Lyon 2 et ENS de Lyon
[3] Université Lyon 1, Institut des sciences et techniques de la réadaptation (ISTR) et Laboratoire DDL, UMR 5596, CNRS et Université Lyon 2
Partenariats, création d'entreprises, brevets, licences, événements... Retrouvez tous les mois les dernières actualités de la valorisation et de l'innovation au CNRS.
23 janvier 2025
23 janvier 2025
23 janvier 2025
06.11.2018
Matériaux – Revêtements 07293-01
06.11.2018
Matériaux – Revêtements 10581-01
06.11.2018
Chimie 08758-01
06.11.2018
11127-01
06.11.2018
Environnement et Energie 11107-01
19.10.2018
Diagnostic médical 08504-01