L'Institut de chimie des milieux et matériaux de Poitiers et la start-up BioseDev, en collaboration avec l'université des sciences et technologies Kwame Nkrumah au Ghana ont mis au point des procédés de production de molécules à valeur ajoutée à partir des cabosses du cacao. Une nouvelle filière de valorisation des déchets qui intéresse l'industrie des cosmétiques, l'agriculture, la chimie fine, mais aussi les producteurs de chocolat.
La production de fèves de cacao – 4,9 millions de tonnes au niveau mondial – engendre un tonnage au moins dix fois plus élevé de cabosses vides. Ces déchets sont utilisables par les fermiers comme engrais naturel, mais ils sont riches en composés chimiques à valeur ajoutée, aujourd’hui inexploités. Le Ghana étant le deuxième producteur mondial de cacao, le projet ChemChoc, mené par l’Institut de chimie des milieux et matériaux de Poitiers (CNRS/Université de Poitiers) et la start-up BioseDev, propose de créer une filière de valorisation des déchets de la production de cacao en collaboration avec l’Université des sciences et technologies de Kwame Nkrumah (Ghana) et l’Université du Ghana. Basé sur des technologies innovantes d’extraction et de conversion de la biomasse, ChemChoc s’inscrit dans le dispositif de soutien aux collaborations avec l’Afrique subsaharienne lancé par le CNRS en 2021.
Plusieurs procédés permettent d’exploiter les composés de la cabosse. Ainsi, l’Institut de chimie des milieux et matériaux de Poitiers a mis au point des méthodes d’extraction par solvants des polyphénols, qui intéressent l’industrie des cosmétiques. Le laboratoire a également développé une technique d’extraction basée sur les ultrasons, qui augmentent l’efficacité de l’opération.
© Prince Amaniampong
Les cabosse de cacao ont surtout une forte teneur en lignocellulose, un mélange de lignine, d’hémicellulose et de cellulose. L’Institut de chimie des milieux et matériaux de Poitiers a breveté un procédé de broyage catalytique qui, à partir de l’hémicellulose et de la cellulose, produit un mélange de sucres qui pourraient être réintégrés dans la chaîne de fabrication du chocolat. La start-up BioseDev, issue du laboratoire, maîtrise la technique de broyage à un niveau semi-industriel. De son côté, l’Université des sciences et technologies de Kwame Nkrumah sait traiter la lignine par pyrolyse catalytique, pour obtenir des composés aromatiques exploitables en agriculture et dans l’industrie de la chimie fine.
Le principe de ces procédés a été démontré, et la prochaine étape du projet de valorisation des cabosses de cacao consistera à évoluer vers une échelle plus industrielle, en élargissant le consortium à des partenaires représentant l’ensemble de la chaîne de valeur. A terme, l’objectif est d’aboutir à une bioraffinerie intégrée capable de valoriser complètement ces déchets et d’améliorer ainsi la chaîne de valeur de la production du cacao.
Des contacts ont été pris avec les fermiers producteurs au Ghana, et d’autres vont être prochainement initiés avec des grands industriels potentiellement concernés dans les cosmétiques ou la chimie, mais aussi avec des PME de la chimie, et un chocolatier. ’’
Prince Nana Amaniampong
Chercheur CNRS à l'Institut de chimie des milieux et matériaux de Poitiers.
Contacts :
Prince Nana Amaniampong/ Chercheur CNRS à l’IC2MP/ prince.nana.amaniampong@univ-poitiers.fr
Francois Jerôme/ Directeur de recherche CNRS à l’IC2MP/ francois.jerome@univ-poitiers.fr
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