Fondée en décembre 2023, TheraSonic entend améliorer la pénétration de médicaments dans le cerveau, grâce aux ultrasons. Après des essais prometteurs sur animaux, la start-up vise de premiers essais cliniques dans le cancer du cerveau.
15 ans de recherches, 40 publications scientifiques et 3 millions d’euros mobilisés : créée il y a moins d’un an, la start-up TheraSonic ambitionne déjà de bouleverser la prise en charge des cancers cérébraux. Son objectif ? Améliorer la délivrance de médicaments dans le cerveau, en utilisant des ultrasons focalisés.
La spin-off issue du CEA, cofondée par Benoit Larrat et Anthony Novell, respectivement au CEA et au CNRS, a d’ailleurs clos une levée de fonds de 1 million d’euro menée par le venture studio lyonnais M2care en mai dernier. « Et l’Institut Gustave Roussy, premier centre de lutte contre le cancer en Europe, a également investi dans TheraSonic à travers sa filiale Gustave Roussy Transfert, pour nous aider à mener à bien les premiers essais cliniques », se félicite Anthony Novell, chargé de recherche au CNRS et directeur scientifique de TheraSonic.
« Nous cherchons à améliorer la délivrance des médicaments dans le cerveau, en utilisant des ultrasons pour faciliter la pénétration des molécules », résume ainsi Anthony Novell. Pour cela, TheraSonic s’attaque à une barrière naturelle quasi infranchissable : la barrière hémato-encéphalique. « Cette barrière protège le cerveau, mais empêche aussi l’accessibilité du médicament dans les zones pathologiques du milieu cérébral », détaille le chercheur.
En résumé, 98% des molécules thérapeutiques ne passent pas la barrière hémato-encéphalique. Des chances perdues donc pour les 25 000 personnes qui sont touchées chaque année en France par une tumeur cérébrale.
Depuis 25 ans, plusieurs équipes de recherche internationales ont déjà tenté d’ouvrir cette barrière en utilisant des ultrasons délivrés directement sur la boîte crânienne. « Ils permettent d’ouvrir la barrière ponctuellement, sur des petites zones. Avec TheraSonic, nous nous démarquons par une stratégie qui change la donne : couvrir la quasi intégralité du cerveau en ultrasons », fait savoir Anthony Novell.
Ainsi, TheraSonic a développé un système robotisé, capable de balayer d’ultrasons l’ensemble du cerveau, un hémisphère ou simplement une zone précise, autour d’une tumeur par exemple. Dans le détail, en plus du médicament administré au patient, « nous injectons des microbulles qui entrent en vibration sous l’effet des ultrasons. Ces vibrations vont perméabiliser les vaisseaux sanguins du cerveau, la fameuse barrière hémato-encéphalique, et le médicament va ainsi pouvoir sortir du système vasculaire et accéder à la zone cérébrale traitée », précise Anthony Novell.
Une prouesse qui entend révolutionner la prise en charge des cancers, car, en ouvrant les portes du cerveau, « de nombreuses chimiothérapies très efficaces, mais qui jusqu’alors ne passaient pas la barrière, pourront enfin pénétrer le cerveau », imagine le co-fondateur de TheraSonic.
Une partie de notre innovation réside dans le fait de couvrir l’ensemble du cerveau en ultrasons. Nous pourrons donc cibler les maladies qui touchent le cerveau tout entier ’’
Anthony Novell
Pour l’heure, l’équipe de TheraSonic a déjà testé son dispositif médical sur des animaux pathologiques ou non. Prochaine étape désormais : entamer des essais cliniques sur l’homme, que la medtech espère commencer en 2025 avec le soutien de son investisseur Gustave Roussy.
Un premier essai qui devrait porter sur des patients atteints de glioblastomes. Les séances devraient durer environ une heure, en ambulatoire, « à des fréquences bien plus basses que celles utilisées lors des échographies », glisse Anthony Novell.
Si les premiers travaux sur l’homme se concentreront sur l’oncologie, l’idée de TheraSonic, à terme, est de cibler l’ensemble des maladies cérébrales. « Une partie de notre innovation réside dans le fait de couvrir l’ensemble du cerveau en ultrasons. Nous pourrons donc cibler les maladies qui touchent le cerveau tout entier », imagine le chercheur, citant les maladies neurodégénératives comme Alzheimer ou Parkinson, certains cancers de l’enfant, l’épilepsie, les maladies psychiatriques ou encore des pathologies génétiques comme le syndrome de Leigh, une myopathie « pour laquelle la société est impliquée dans un projet soutenu par l’AFM Téléthon ».
Ces trois dernières années, les travaux de Benoit Larrat et Anthony Novell ont pu bénéficier du programme Magellan d’accompagnement à la création d’entreprise du CEA et sont également lauréat du Grand Prix i-Lab de BPI France. En septembre 2023, l’équipe de la medtech a aussi posé ses cartons au sein du Paris Saclay Cancer Cluster, un lieu d’émulation « qui nous a permis entre autres des rencontres enrichissantes avec les acteurs du domaine et d’accéder à des formations, par exemple sur les étapes de validation d’un dispositif médical », rembobine Anthony Novell.
Le remboursement du dispositif de TheraSonic serait « un Graal » pour le directeur scientifique de la start-up, qui entend en parallèle continuer à travailler avec l’industrie pharmaceutique pour démontrer la plus-value de l’approche ultrasonore pour différentes classes de médicaments et de pathologies.
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