Pour aider les chercheurs à mener à bien leur projet de start-up, le programme d’accompagnement du CNRS peut leur faire bénéficier chaque année des compétences d’un entrepreneur, recruté chez CNRS Innovation. Ils les épaulent ainsi pour développer les aspects business de leur projet entrepreneurial, tout en réduisant la prise de risque.
En portant ce recrutement, le CNRS accompagne le développement d’une entreprise naissante en sécurisant pour un temps des compétences-clés. L’objectif reste de faciliter l’émergence des innovations issues de la recherche. ’’
Thomas Ribeiro
Directeur du département émergence et accompagnement de CNRS Innovation.
Chaque année, le programme d’accompagnement à la création de start-up RISE propose de sensibiliser, former et structurer les projets de start-up issus des laboratoires de recherche sous la tutelle du CNRS. Parmi les nombreuses initiatives dont bénéficient la trentaine de lauréats annuels, celle des entrepreneurs en résidence, recrutés par CNRS Innovation, pour les développements de ces « deeptechs » met l’humain au centre !
N’importe quel personnel de recherche qui s’est lancé dans « l’aventure start-up » pourra en témoigner : la formation de l’équipe managériale du projet est une étape-clé ! Elle appelle à la fois le besoin d’un recrutement de compétences, entrepreneuriales et scientifiques, mais aussi la construction d’une collaboration solide pour porter un projet.
« Nous recrutons chaque année deux personnes qui apportent leur aide sur plusieurs projets à la fois, avec la possibilité de n’en choisir qu’un seul à terme, et même continuer à collaborer ensuite avec l’équipe en tant que futur associé. En portant ce recrutement, le CNRS accompagne le développement d’une entreprise naissante en sécurisant pour un temps des compétences-clés. L’objectif reste de faciliter l’émergence des innovations issues de la recherche », explique Thomas Ribeiro, Directeur du département émergence et accompagnement de CNRS Innovation.
Les entrepreneurs sont, en effet, employés en CDD de 9 mois renouvelable ; à la fin de leur contrat, ils peuvent rejoindre le projet de start-up et la cofonder avec l’équipe de scientifiques à l’origine de la technologie.
C’est exactement le chemin qu’a suivi Luigi Formicola, désormais directeur des opérations (COO) d’ExAdEx-Innov. Cette start-up niçoise est spécialisée dans la conservation de tissus adipeux humains servant de support à la génération de modèles innovants pour la recherche pharmaceutique et dermo-cosmétique. « J’étais l’un des premiers entrepreneurs à entrer en résidence en 2021, explique le dirigeant. J’ai un doctorat de recherche en biologie et je suis aussi titulaire d’un MBA en management d’entreprise. Après avoir travaillé au développement commercial et à la structuration opérationnelle d’une jeune start-up de biotech pendant six ans, j’avais eu envie de me lancer dans une aventure entrepreneuriale. J’ai tout simplement répondu à l’offre d’emploi publiée sur LinkedIn par CNRS Innovation. »
Une double compétence science et business
« Nous recherchons effectivement des profils ayant une double compétence, à la fois scientifique et entrepreneuriale, confirme Thomas Ribeiro. Ils peuvent avoir un double diplôme ou une formation scientifique complétée d’une expérience de quelques années au sein d’une start-up. » Les deux profils se complètent également sur le plan des thématiques de travail puisque l’un d’entre eux est orienté vers la biologie et la santé, tandis que l’autre l’est du côté de l’ingénierie.
Alexis Jonville, un autre ancien entrepreneur résident du programme RISE de janvier 2023 à avril 2024, a lui aussi suivi ce parcours : « J’ai fait des études d’ingénieur à l’ESPCI (École supérieure de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris) et j’ai ensuite suivi un cursus à HEC pour avoir des compétences business. J’ai une passion pour les sciences, mais je ne voulais pas être chercheur, je préférais plutôt m’associer avec eux ».
Un suivi au plus proche des projets
Après une alternance chez STMicroelectronics, le jeune diplômé se met en quête d’un tel poste, permettant d’accompagner les projets de scientifiques :« Lors de mes recherches, j’ai contacté le CNRS sans savoir que ce type d’offre existait chez eux. J’ai passé plusieurs entretiens et j’ai finalement été embauché ». Quelques mois, à peine, après avoir quitté le programme, il est désormais CEO de LumySync, une start-up qui développe des circuits intégrés photoniques. « Ma collaboration avec les deux cofondateurs est d’abord née de la qualité de notre relation humaine, ce sont des chercheurs brillants », se réjouit Alexis Jonville.
Mais avant d’obtenir ces postes, les deux entrepreneurs se sont occupés de plusieurs projets à la fois au sein du programme RISE : « Au début de son contrat, chacun en prend en charge jusqu’à cinq ou six, détaille Thomas Ribeiro. Ils travaillent ainsi avec les chercheurs pour par exemple définir leur business model, comprendre le marché dans lequel leur société va évoluer, les aider à mettre sur pied un pitch ou encore prendre contact avec les acteurs du domaine en question ». Un modèle si concluant qu’il commence d’ailleurs à être discuté pour être mis en place par d’autres acteurs de l’écosystème deeptech.
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