La start-up Naïo Technnologies produit des robots agricoles et viticoles pour alléger la charge de travail des agriculteurs, optimiser la productivité et réduire l’usage des désherbants. Elle présente ses innovations pour le développement durable à Vivatech sur le stand du CNRS du 22 au 25 mai 2024 à Paris.
Identifiée comme l’un des piliers de la troisième révolution agricole, la robotique est déjà en action dans les exploitations. Elle aide à relever les grands défis du secteur en réduisant l’utilisation de produits phytosanitaires, en limitant les émissions de gaz à effet de serre ou encore en allégeant la charge de travail des agriculteurs.
La start-up française Naïo Technologies est un des acteurs de cette transformation. Née en 2011 de la rencontre entre deux ingénieurs-roboticiens et des cultivateurs, elle embauche aujourd’hui plus de 70 personnes à travers la France. « Tout est parti de la demande des agriculteurs de robotiser des tâches pénibles et chronophages. La réponse est venue avec Oz, un robot autonome 100 % électrique qui est toujours en circulation. Désormais, nos robots participent à une meilleure santé du sol et donc à une bonne performance des plantes nourricières », décrit Flavien Roussel, responsable communication à Naïo Technologies.
Depuis ses débuts, la start-up a commercialisé plus de 450 machines à travers le monde. Elle propose quatre robots autonomes et électriques dédiés aux cultures viticoles, maraîchères ou encore céréalières. Tous ont pour tâche principale le désherbage. Cette robotisation contribue ainsi à la revalorisation des salariés. « Certains de nos clients nous ont rapporté qu’avec le surplus de temps pour leur récolte, ils avaient moins de légumes hors calibres et gaspillaient donc moins de culture grâce aux robots », précise Flavien Roussel.
Face aux bonnes performances de ces assistants robotisés, les agriculteurs ont ensuite demandé différentes fonctionnalités. Oz est par exemple capable de semer ou de transporter des caisses de légumes. L’ensemble des robots ont une durée d’autonomie d’environ une journée de travail, ce qui les rend les plus adaptés à des exploitations de taille moyenne. « Augmenter leur autonomie imposerait d’avoir des batteries plus lourdes. Or, la légèreté leur permet de revenir plus vite que des tracteurs dans les parcelles après les pluies », explique le porte-parole de la start-up.
4 robots agricoles Naïo Autonomie Augmentée
À son lancement, la start-up a accéléré sa R&D en s’entourant de chercheurs du LAAS-CNRS[1], un laboratoire situé à Toulouse. L’idée était alors de s’assurer que le prototype était au bon endroit dans le champ et qu’il distinguait la culture des herbes environnantes. Les capteurs utilisés à l’époque ont depuis été remplacés par un système de guidage GPS RTK. Celui-ci apporte aux robots une précision d’action centimétrique lorsqu’il suit une cartographie préenregistrée de la parcelle qu’il arpente.
Pour Naïo Technologies, c’est un succès puisque machines et humains collaborent de manière renforcée. « Intégrer un robot dans une exploitation ne doit pas être source d’inquiétude pour les agriculteurs. C’est pourquoi, tous nos robots sont équipés d’un système de sécurité certifié CE », ajoute Flavien Roussel. Les experts cartographes de Naïo Technologies effectuent une visite préalable pour déterminer si une parcelle est adaptée à un fonctionnement sécurisé du robot en autonomie. Sans cette validation, la machine fonctionne en mode supervisé. Elle doit sentir la présence d’un opérateur muni d’une télécommande à proximité.
Afin de poursuivre ses efforts de R&D, la start-up souhaite désormais s’attaquer à des enjeux de crop safety. « Il arrive que des branches se bloquent dans les outils et que le robot ratisse et abime la culture sans s’en rendre compte », décrit Flavien Roussel. Pour y remédier, l’entreprise devrait miser à nouveau sur des collaborations avec la recherche. L’idée : trouver des systèmes de détection adaptés comme des capteurs optiques, des outils de vision par ordinateur ou encore d’intelligence artificielle préentraînée.
Si nombre d’agriculteurs et de viticulteurs sont prêts à faire le pas vers la robotisation, le secteur est encore en proie à certains freins psychologiques et financiers. Ce marché doit convaincre les utilisateurs, mais aussi les décideurs. Pour Flavien Roussel, la France a pourtant les moyens de devenir la « Robotic Valley » de l’agriculture : « Elle est déjà leader mondiale sur le nombre d’entreprises qui conçoit des robots agricoles. Et cette robotisation va être un enjeu de plus en plus prégnant dans les 5 ans à venir, car nous allons perdre beaucoup de mains-d’œuvre agricoles avec les départs à la retraite. Sans solution, nous allons vers une réduction forte de notre potentiel de production ». L’automatisation de certaines tâches pourrait alors convaincre de nouveaux profils de venir travailler la terre.
[1] Laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes
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