Les résultats de l’essai clinique de phase 3 du vaccin thérapeutique Tedopi consacrent les travaux de cette PME française, cofondée par une directrice de recherche du CNRS.
Dans la course aux vaccins thérapeutiques dédiés au traitement du cancer, les plus avancés ne sont pas forcément ceux que l’on croit. Le 11 septembre dernier, Osé Immunotherapeutics publiait dans Annals of Oncology un article décisif concernant Tedopi, sa monothérapie du cancer du poumon. Avec des résultats plus qu’encourageants sur trois points essentiels : la survie globale, la tolérance et la qualité de vie des patients.
« Le taux de survie globale à un an est de 44,4 % contre 27,5 % avec une chimiothérapie, détaille Nicolas Poirier directeur général de la société. Sur les critères de tolérance au traitement et qualité de vie, nous avons constaté trois fois moins d’effets secondaires ». Des résultats d’autant plus prometteurs qu’ils ont été obtenus dans le cadre d’une étude de phase 3 randomisée, l’étape la plus avancée en matière de développement d’une thérapie. Ces patients étaient atteints d’un cancer du poumon avancé ou métastatique non à petites cellules (CPNPC) et ont reçu Tedopi en traitement de troisième ligne, soit après l’utilisation de deux premiers traitements qui avaient atteint leurs limites d’efficacité.
« Tedopi est une immunothérapie à base d’épitopes qui réactivent les lymphocytes T spécifiques des cellules cancéreuses. Ce sont eux qui vont ensuite attaquer la tumeur », explique Sophie Brouard. Cette directrice de recherche du CNRS, travaille au sein du Centre de recherche translationnelle en transplantation et immunologie de l’INSERM. Cofondatrice d’Effimune en 2009, la société a fusionné avec Osé Pharma en 2016 pour créer Osé Immunotherapeutics. Elle en est désormais membre de son conseil scientifique.
Une réussite pour cette société d’une cinquantaine de salariés, partagée entre Nantes et Paris, à la lutte avec des noms qui ont acquis une certaine notoriété au cours des trois dernières années. « Des vaccins thérapeutiques sont également développés par Moderna contre les cancers de la peau et BioNTech contre ceux du pancréas, avec une approche sensiblement différente puisqu’ils sont administrés après une chirurgie pour éviter les récidives. Mais ils ne sont qu’en phase 1 ou 2, alors que nous sommes déjà en phase 3 », se félicite Nicolas Poirier.
Osé Immunotherapeutics poursuit aussi d’autres axes de développement : « le même vaccin Tedopi est également en cours d’évaluation dans d’autres types de cancers et OSE mène des études de phases 2 dans le cancer du pancréas ou des ovaires », confirme Sophie Brouard.
Des pas de géant qui permettraient à Tedopi de devenir disponible relativement rapidement pour les patients atteints de cancer du poumon. « Nous avons annoncé les résultats aux agences du médicament américaine et européenne, il faut désormais passer les phases d’enregistrement et de commercialisation, constate Nicolas Poirier. Après discussion avec ces agences sur le design de l’étude à effectuer pour l’enregistrement, nous travaillons actuellement à la préparation du protocole de cette étude de phase 3 confirmatoire. Elle pourrait débuter en début d’année 2024. Il faut ensuite compter environ trois ans avant une commercialisation qui devrait donc être possible en 2027. À titre de comparaison, le traitement de Moderna contre le cancer de la peau est annoncé pour 2030 ».
Un succès hérité de l’excellence de la recherche française : « Nous disposons d’une recherche académique de très haut niveau en France, dont il faut valoriser les innovations », se réjouit le directeur général d’Osé Immunotherapeutics. Un constat partagé par Sophie Brouard, justement lauréate il y a deux ans de la médaille de l’innovation du CNRS : « Il n’est pas toujours évident de garder un lien entre travaux académiques et industriels, cette récompense venait donc valoriser le fait qu’un brevet peut être tout aussi important qu’une publication. De plus, l’accompagnement des chercheurs est désormais bien plus efficace, il y a vingt ans il n’existait tout simplement pas. En 2001 j’avais fondé une start-up dédiée aux biomarqueurs, on nous avait incités à trouver des investisseurs pour la développer. Quand ils nous demandaient notre business plan, c’était comme un gros mot pour nous. Aujourd’hui les chercheurs bénéficient d’un accompagnement et de formations sans commune mesure ».
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