Les nouveaux insectes ravageurs d’origine exotique et présents dans les vergers européens ont du souci à se faire. La start-up Cearitis développe une solution respectueuse de l’environnement pour repousser ces indésirables. Le tout grâce à une découverte du CNRS.
Une indemnisation de 5 millions d’euros. En 2017, l’État avait mis exceptionnellement la main à la poche pour compenser les pertes dues à Drosophila suzukii, un moucheron asiatique ravageur des cultures de fruits rouges et de cerises en particulier.
Six ans plus tard, le salut pourrait venir de DrosoMous, une solution respectueuse de l’environnement, qui « chasse le moucheron à l’extérieur de la parcelle grâce au répulsif qui est aspergé sur les arbres, explique Solena Canale Parola, directrice générale et cofondatrice de Cearitis. Une fois le moucheron dévié par le répulsif, il est ensuite dirigé vers une solution attractive disposée à l’intérieur d’un piège ».
Une découverte logique, mais inattendue
Une technique « push and pull » efficace à 70 % qui parait simple et logique au premier abord, mais dont le développement actuel ne pourrait se faire sans la découverte préalable du Centre des sciences du goût et de l’alimentation (CSGA, CNRS / Comue Université Bourgogne Franche Comté / INRAE) de Dijon. En effet, DrosoMous est avant tout une histoire d’odeur alimentaire.
C’est une molécule anodine produite par les bactéries et les levures et que l’on retrouve par exemple sur certains fromages. ’’
Yaël Grosjean
directeur de recherche au CSGA
« En suivant le travail d’un article que nous avions publié en 2011 dans Nature, notre ingénieure Martine Berthelot-Grosjean avait contaminé par hasard la pièce où nous conduisons nos expériences. Elle a alors observé que les drosophiles ne faisaient plus jamais de parade amoureuse. Après un travail précis, elle a identifié l’odeur diffusée dans la pièce qui s’est avérée apporter une rupture fondamentale dans notre compréhension des effets des odeurs chez les drosophiles, qui a conduit au brevet Drosomous », s’amuse le chercheur.
Une découverte prête pour la maturation
La découverte a finalement été remontée à la SATT (Société d’accélération du transfert de technologies) Sayens, dont l’un des chefs de projet suivait les travaux de l’équipe de recherche au sein du CSGA depuis 2016. « Notre équipe couvre un périmètre d’environ 140 laboratoires », se réjouit Catherine Guillemin, présidente de Sayens. Pour elle, cette découverte cochait de nombreuses cases : « L’invention était brevetable, possédait un potentiel de commercialisation et une possibilité de mise sur le marché, tout en répondant aux priorités de soutien en matière de transition écologique définis par l’État ».
Cette solution, Sayens va la maturer plus de deux ans se souvient Catherine Guillemin : « Nous avions besoin de mettre en place le passage du labo aux champs. La maturation a permis de valider l’efficacité du procédé pour contrôler le comportement de parade et la copulation de Drosophilia suzukii en vergers de cerisiers et en maraîchage de fraisiers. Cette solution innovante de biocontrôle, répond aux besoins de développement d’une agriculture durable protectrice tant de l’environnement que de la filière arboricole et ses acteurs. Après avoir conforté cette nouvelle approche conciliant protection de l’environnement et rendement, nous avons promu la technologie lors de rencontres et de salons professionnels et ainsi intéressé des entreprises ».
Une stratégie de consolidation et de promotion qui a porté ses fruits : « C’est grâce à cet écosystème commun que nous avons connu Sayens et les travaux du CSGA, confirme Solena Canale Parola. Il y avait une similitude avec nos travaux déjà engagés sur la mouche de l’olive et nous avons donc acquis une licence exclusive du brevet ».
L’urgence phytosanitaire favorable à Cearitis
La date de commercialisation va désormais dépendre des procédures d’homologation : « Elles peuvent être relativement rapides, d’ici six à sept ans », espère la cofondatrice de Cearitis. En effet, le manque de solutions pérennes actuelles devrait accélérer le processus de mise sur le marché. « Seuls deux insecticides peuvent contrer cette espèce de moucheron, mais en raison de leur toxicité, ils ont besoin d’une dérogation pour être utilisés par les cultivateurs. Alors que notre découverte n’a aucune conséquence pour la santé, la consommation des fruits et l’écosystème au sens large », approuve Yaël Grosjean.
Une période que Cearitis va également utiliser pour développer une troisième solution issue de Drosomous pour protéger les cultures des dégâts causés par une autre espèce : « Après la mouche de l’olive et celles des fruits rouges, nous travaillons à un procédé dédié à Ceratitis capitata, une mouche qui touche les fruits à noyaux, exotiques et les agrumes ». De quoi élargir encore un peu plus ces prochaines années le panel de ravageurs dont la start-up veut débarrasser les vergers.
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