Centrales nucléaires, fuites de gaz, chantiers, intrusions : la technologie de Wavely permet d’être prévenu immédiatement en cas d’évènements inhabituels. Une entreprise issue d’un laboratoire sous tutelle du CNRS qui vient de signer un partenariat stratégique avec une société irlandaise pour s’ouvrir à d’autres pays que la France.
Nicolas Côté et Paul McDonald se serrent la main au 53e Congrès International sur l’Ingénierie de la Maîtrise du Bruit, organisé par la Société Française d’Acoustique à Nantes, du 25 au 29 août 2024.
C’est un domaine méconnu et pourtant immensément utile. La surveillance par l’acoustique est la spécialité de la société Wavely, dont la technologie de reconnaissance des sources sonores — alimentée par une IA — connaît de nombreux domaines d’applications. « Ce procédé permet de mesurer les nuisances sonores, de faire de la maintenance industrielle, de détecter des fuites de gaz, mais aussi de surveiller les biens et les personnes », explique Nicolas Côté, cofondateur et directeur de l’entreprise basée à Villeneuve d’Ascq (Nord).
« Nous travaillons avec Air Liquide et TotalEnergies, car nos capteurs peuvent en effet détecter les sifflements caractéristiques d’une fuite de gaz, détaille le dirigeant. De la même manière, notre procédé peut ainsi reconnaître une très grande variété d’évènements et prévenir l’exploitant d’un possible dysfonctionnement. Nous sommes par exemple en discussion avec une municipalité pour surveiller une pumptrack située à proximité de logements. En cas d’intrusion en pleine nuit et d’émissions de nuisances sonores, notre système peut les repérer et allumer automatiquement l’éclairage pour en dissuader les auteurs. Il s’inscrit complètement dans le cadre de la smart city. »
Une IA frugale qui opère en local plutôt que sur des serveurs
Ancien enseignant chercheur en acoustique à l’Institut d’électronique, microélectronique et de nanotechnologies (CNRS / Université de Lille / Université Polytechniques Hauts-de-France), il avait mis au point le procédé avec son collègue Alexis Vlandas, chargé de recherche au CNRS. « Nous avions porté tous les deux le projet auprès de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) qui avait fait un appel sur la thématique des réseaux de capteurs pour qualifier les environnements sonores et urbains, se souvient Nicolas Côté. Puis nous avons breveté notre premier capteur fonctionnant grâce à un panneau solaire et collaboré avec la SATT Nord pour le développer. Nous avons ainsi pu bénéficier de deux ingénieurs durant 18 mois pour ce faire, ils font d’ailleurs toujours partie de notre équipe. »
Après avoir quitté le laboratoire en 2016, il cofonde Wavely en 2017 en compagnie de son collègue et de Marion Aubert, dédiée quant à elle aux aspects entrepreneuriaux. « Même si je travaille désormais complètement pour Wavely, je ne peux que remercier grandement le CNRS de son soutien, c’est un acteur important de l’environnement scientifique et technique en France », se réjouit Nicolas Côté. La société est d’ailleurs sur le point de commercialiser son nouveau capteur en début d’année prochaine, avec un avantage immense sur la concurrence :
Notre IA est très frugale, le machine learning nécessaire à son fonctionnement est directement embarqué dans le boîtier du capteur, alors que les autres solutions font remonter toutes les données vers des serveurs où elles doivent alors être analysées. ’’
Nicolas Côté, cofondateur et CEO de Wavely.
Le monde anglo-saxon s’ouvre désormais
Une architecture qui apporte en effet son lot de bénéfices par rapport à ses compétiteurs : « Il est tout d’abord environnemental. À titre d’exemple une enceinte connectée de type Google Nest remonte jusqu’à 15 Go par jour vers les serveurs. Grâce à notre système qui opère localement directement sur le capteur, nous ne dépassons pas les 500 Mo par mois. De quoi réduire drastiquement la consommation énergétique, se félicite Nicolas Côté. Sur les sites industriels sensibles comme les centrales nucléaires, où notre solution surveille le bon fonctionnement des équipements, elle nous permet ainsi de ne pas faire sortir ces données sensibles de l’installation. Enfin, sur les chantiers de construction, le RGPD nous interdit de collecter les conversations des riverains, comme notre IA ne repère que les évènements inhabituels, c’est donc uniquement ce type d’informations qui est remonté et non pas l’ensemble des discussions. »
Ces capacités uniques ont permis à Wavely de signer en juin dernier un partenariat stratégique avec Sonitus Systems, une société Irlandaise elle aussi spécialisée dans la surveillance acoustique.
Nous venons malgré tout de deux mondes différents, puisque l’on traite avant tout de la donnée IA, tandis que Sonitus est plutôt spécialisée dans l’électronique et la métrologie, c’est donc un partenariat technique très fort. Mais il revêt aussi un aspect commercial : ils distribueront nos solutions aux USA, au Royaume-Uni, en Irlande et dans l’ensemble du monde anglophone alors que pour l’instant nous n’opérons qu’en France. ’’
Nicolas Côté, cofondateur et CEO de Wavely.
Une nouvelle marche de franchie pour Wavely avec le monde entier en ligne de mire !
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